Me Rima Moussaoui : Conseillère juridique adjointe à la Commission internationale de Juristes à Genève

AHQ : Comment vous êtes vous tournée vers la pratique du droit à l’étranger ?

RM : J’ai toujours été intéressée par le côté international, plutôt que le côté légal, du droit. Pour moi, les études en droit ont toujours représenté un moyen de m’engager au niveau des relations internationales. Étant d’origine libanaise, j’ai été exposée très jeune aux enjeux socio-politiques du Moyen-Orient ; travailler dans ce secteur est rapidement devenu un objectif de carrière. Après avoir achevé l’École du Barreau, je me suis inscrite au programme de LL.M. en droit international public de l’Université de Montréal. Quand j’ai aperçu une offre de stage au sein de l’Organisation internationale du Travail (OIT) à Genève, j’ai tout de suite senti qu’il s’agissait là de mon opportunité pour faire mes premiers pas dans le domaine du droit international et j’ai immédiatement postulé. J’ai obtenu ce poste, comme quoi il arrive parfois de croire au destin !

AHQ : Pouvez-vous nous décrire votre travail au sein de la Commission internationale de Juristes ?

RM : Après avoir travaillé un bon nombre d’années avec l’OIT, plus précisément au département des Normes internationales du travail et sur les conventions portant sur le travail des enfants et sur le travail forcé, j’ai décidé de tenter ma chance dans un autre domaine. Je voulais me rapprocher de mon objectif de pratiquer dans la région du Moyen-Orient. Je travaille maintenant avec la Commission internationale de Juristes (CIJ), dans leur programme MENA (Moyen-Orient et Afrique du nord). La CIJ vise entre autres à faire en sorte que le droit international, surtout le droit international des droits de l’homme et le droit international humanitaire, soit utilisé de manière effective afin de protéger les personnes les plus vulnérables, et à promouvoir l’Etat du droit en tant que concept fondamental à travers lequel les droits civils, culturels, économiques, politiques et sociaux peuvent être protégés et avancés. Plus précisément, la CIJ œuvre beaucoup dans le domaine de l’indépendance judiciaire des juges et avocats, ce qui est considéré essentiel pour une protection effective des droits de l’homme dans tous les pays. Pour ma part, la CIJ étant une ONG composée en grande partie d’avocats et de juristes, je réalise beaucoup de tâches juridiques, telles que la rédaction d’opinions juridiques sur la conformité de certaines lois avec les droits de l’homme, la recherche, etc. Cependant, je dois également exécuter des tâches reliées à la gestion de projets, puisque les projets qui sont actuellement en place dépendent de bailleurs de fonds internationaux qui s’attendent, à juste titre, à certains résultats, dont un impact réel sur le terrain.

AHQ : Quels ont été vos défis les plus difficiles à relever ?

RM : J’ai commencé à travailler à la CIJ à la fin janvier 2015. Je ne suis donc ici que depuis quelques mois. Ce qui est le plus difficile jusqu’à présent est évidemment le changement, à tous les niveaux. Plus précisément, à l’OIT, je faisais partie d’une énorme machine dont les processus étaient plus ou moins établis. Mon rôle était plus défini et je n’avais que des tâches juridiques à exécuter. Ici à la CIJ, mon mandat comprend des tâches juridiques, mais aussi administratives et de gestion, et nous sommes tous et toutes plus ou moins responsables de surveiller de près les événements qui se déroulent dans les pays où nous avons des projets, afin de s’assurer de ne rien manquer. C’est souvent beaucoup plus exigeant, mais également très intéressant et beaucoup plus interactif. Il s’agit en plus d’une région très dynamique où tout peut basculer à n’importe quel moment !

AHQ : Quels conseils donneriez-vous à des jeunes juristes souhaitant travailler à l’étranger ?

RM : Il y a beaucoup d’opportunités à l’étranger. Il faut bien rester au courant des offres qui circulent et postuler même si on ne croit pas que l’on détient toutes les compétences requises. Il faut aussi ne pas avoir peur de devoir accomplir des tâches qui ne sont pas nécessairement juridiques ; en droit international, il ne s’agit pas seulement de recherche et de connaissances juridiques, mais aussi de capacités de communication, de gestion et, surtout, d’initiative. Travailler à l’étranger est un apprentissage perpétuel !

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