Dr. Esmeralda M.A. Thornhill – Profil d’un avocate

Par Dr. Esmeralda M.A. Thornhill (Halifax, Nouvelle-Écosse)*

Qui est Esmeralda M.A. Thornhill?
Membre des Barreaux du Québec et de la Nouvelle-Écosse depuis 1987 et 1998 respectivement, Me Esmeralda Thornhill a quitté le Québec en 1996 pour travailler à Halifax, Nouvelle-Écosse, comme professeure titulaire en Droit à l’Université de Dalhousie.

Avocate, linguiste et pédagogue de formation, écrivaine, conférencière, professeure titulaire, et agente d’éducation aux droits de la personne d’expérience, et enfin éditrice de livres et organisatrice communautaire par conviction, Esmeralda M.A. Thornhill est un pur produit du système d’éducation québécois— un système qui a su aiguiser de façon pointue sa pensée critique, un système qui l’a conscientisée et qui l’a politisée.

Façonnée dans le creuset de la belle province
En plus d’une solide formation scolaire et universitaire qui l’a bien équipée pour entreprendre une carrière professionnelle, son expérience comme hôtesse à l’Expo ’67 lui a ouvert grand les yeux sur le reste du monde et l’a sensibilisée en particulier aux abus et violations des droits de la personne. L’Expo ’67 lui a aussi donné le goût de voyager et de perfectionner sa formation à l’échelle internationale. Des stages à Paris en droits humains avec l’UNESCO et à Washington DC au sein du mouvement anti-apartheid avec le Lawyers’ Committee for Civil Rights Under Law ponctuent son parcours professionnel avec des points saillants tels que déléguée officielle au XIe Festival International de la jeunesse (Cuba, 1978), membre de la Mission d’Observatrices Internationales aux premières élections de l’Ouganda, experte invitée par l’Institut de l’Éducation de l’UNESCO à Hambourg et par le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) de l’ONU à Genève, membre du Conseil consultatif du National Human Genome Centre de l’Université de Howard à Washington DC., ainsi que conférencière invitée à la manifestation commémorant le 1er mai 2001 à Vienne et co-organisatrice du Symposium International marquant le Bicentenaire d’Alexandre Pouchkine (Moscou, Saint-Pétersbourg).

Après avoir complété une spécialisation en espagnol et latin (McGill 1969) visant à long terme une carrière soit médicale, soit juridique, Me Thornhill a pris un détour pour embrasser les sciences de l’éducation avant de retourner une décennie plus tard aux études juridiques (UQAM). Pédagogue de cœur, elle a enseigné dans les écoles secondaires publiques de Montréal pendant sept ans avant de passer à la fonction publique. Elle a fait carrière pendant une vingtaine d’années comme agente d’éducation à la Commission des droits de la personne du Québec où elle a défriché de nouveaux champs en éducation antiraciste. L’expertise que Me Thornhill a développée pour cerner, articuler et combattre “la réalité matérielle du racisme” a été sollicitée depuis lors par de nombreuses institutions telles que La Commission royale d’enquête sur la poursuite de Donald Marshall Jr., des organismes juridiques, universitaires ou gouvernementaux, des syndicats, des employeurs, des institutions d’enseignement ou encore des groupes communautaires.

Pionnière à plusieurs niveaux
Pionnière à plusieurs niveaux, Me Esmeralda Thornhill est notamment responsable de la conceptualisation, du développement et de l’enseignement du premier cours universitaire accrédité offert au Canada sur les Études sur les femmes noires, Black Women: The Missing Pages from Canadian Studies (l’Institut Simone de Beauvoir, Concordia 1983 et 1988). Elle est reconnue dans l’Agenda des femmes 1992 comme le catalyseur qui a su inscrire Février, mois de l’histoire noire dans l’agenda public québécois (1989). Elle est responsable de la mise sur pied du Congrès des avocats et juristes noirs du Québec – devenu l’Association des avocats et notaires noirs du Québec (1984-1985). Elle est membre fondatrice du Congrès des femmes noires du Canada (1976-1980), première femme de couleur nommée au Conseil du statut de la femme du Québec (1987-1991), au Conseil d’administration de l’Office national du Film et au Conseil général du Barreau du Québec, servant sous trois bâtonniers. Elle a de plus servi d’éditeur pour des publications sans précédent, notamment pour The Journal of Black Studies, Blacks in Canada: Retrospects, Introspects, Prospects, et a coédité un numéro thématique de La Revue femme et droit, Racism….Talking Out.

Première détentrice de la Chaire Johnston
Son rayonnement professionnel a attiré l’attention de l’Université de Dalhousie en Nouvelle-Écosse qui l’a invitée à inaugurer et diriger La Chaire James Robinson Johnston d’études noires canadiennes (1996-2002) – une initiative nationale sans précédent mise en place pour intégrer au sein même de l’Académie la culture, les réalités, les perspectives, le vécu et les préoccupations de la collectivité noire.

Comme détentrice de la Chaire Johnston, Me Esmeralda Thornhill a poursuivi son œuvre de pionnière. Pendant ses vingt ans comme professeure titulaire en droit au Schulich School of Law, elle a ouvert de nouveaux chemins pour développer et enrichir le curriculum juridique, en particulier en ce qui touche à la théorie critique de la ‘race’ et du droit, à la place légitime de “la réalité matérielle du racisme” dans le discours juridique et dans l’enseignement du droit, tant sur les plans de l’éthique professionnelle, des droits de la personne que du droit international. Me Thornhill compte à son actif des cours innovateurs tels que Critical Race and Legal Theory: A Survey of ‘Race’ and Law in Canada; International Human Rights Law: Facing ‘Race’ As A Factor, The Implications of ‘Race’ and Culture for Legal Education and the Legal Profession. Grâce à sa formation et son expérience interdisciplinaire variée, elle a aussi défriché de nouveaux chemins au sein d’autres disciplines telles que les études russes et canadiennes : Black Identity in Pushkin, The Evolution of Canadian Identity: Exposing A Negative, Completing the Picture.

Reconnaissance méritée
Poète publiée et conférencière éloquente, souvent sollicitée tant aux niveaux local que provincial, national ou international, Me Esmeralda Thornhill est déjà reconnue publiquement pour ses apports à la société québécoise. Elle est citée dans l’ouvrage, Ces 350 femmes qui ont bâti Montréal, présentée dans l’Agenda des femmes du Québec 1991 ainsi que dans 100 Outstanding Black Canadians. En 1992, le Salon de la femme du Québec lui a conféré le titre de Femme de l’Année pour l’Action humanitaire et sociale. Récipiendaire de deux doctorats honorifiques en droit (City University of New York 1996, Concordia 1997), on l’a nommée en 2006-2007 Canada – U.S. Fulbright Visiting Scholar à l’Université de Temple et en 2012 elle a acceptée l’invitation de l’Université McGill pour servir comme sa première O’Brien Fellow in Residence.

A priori, toute femme noire ou racisée est forcée de tracer son parcours et de naviguer sa vie à travers les interstices entre la ‘race’ et le genre. Par conséquent, l’identité à la fois noire et femme de cette avocate l’oblige constamment à interroger inlassablement tous les facteurs contextualisant et ayant un impact sur son existence. Pour cette raison, Esmeralda Thornhill est un produit critique du Québec. Mais plus important encore, l’approche ou la perspective critique de Me Esmeralda Thornhill face au droit s’avère surtout en quelque sorte un reflet de la fonction critique que le Québec assume par rapport au reste du Canada.

Dr. Esmeralda M.A. Thornhill est avocate et détentrice d’un LL.D., LL.D.,LL.B., Dip. Int. & Comp. Law, M.A., Dip. Ed., B.A. Hon.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *