Entrevue avec Me Jérôme Blanchet, administrateur d’AHQ

Dans cette nouvelle série d’entrevues, les administrateurs d’AHQ répondent aux questions de l’Éditeur en chef pour le bénéfice des membres. Me Blanchet a chaleureusement accepté de discuter de ses motivations derrière son implication avec AHQ, de sa compréhension des difficultés vécues par les membres, de sa vision pour AHQ, et bien plus! 

 

Quel a été votre parcours académique et professionnel jusqu’à votre emploi actuel ?

Avec un diplôme de la Faculté de droit de l’Université de Montréal et ma formation de l’École du Barreau du Québec en poche, j’ai obtenu une offre de stage du cabinet spécialisé en immigration d’affaires Harvey Simard Law Corporation, basé à Hong Kong. Sans hésitation, j’ai quitté mon Québec natal, très enthousiaste à l’idée de retourner en Chine où j’avais complété un an plus tôt un programme d’échange avec la China University of Political Science and Law.

Débuter ma carrière à Hong Kong, métropole de plus de 7 millions d’habitants, a été une expérience autant enrichissante que déstabilisante pour le jeune professionnel que j’étais. Ouvrir ses horizons et constater les possibilités qu’offre l’international a été pour moi déterminant sur plusieurs aspects. À la fin de mon stage, j’ai eu besoin de prendre une période de recul pour définir mes priorités et objectifs professionnels. Lorsque j’ai eu la possibilité de retourner en Asie pour le même cabinet, ma décision était mûrement réfléchie.

Durant quatre années, j’ai eu la chance de pratiquer dans des environnements très variés, de Hô-Chi-Minh-Ville à Shanghai, en passant par Hong Kong. En plus de la pratique du droit de l’immigration, j’ai occupé des postes de gestion et siégé sur le Conseil d’administration de la Chambre de commerce canadienne au Vietnam (CanCham).

Tout cela m’amène en 2014 où le désir de rentrer au Québec pour se rapprocher de la famille et fonder une famille est devenu une priorité. Depuis, j’ai obtenu une maîtrise en administration des affaires (MBA) et commencé à travailler pour mon compte en immigration d’affaires pour entrepreneurs et investisseurs étrangers. L’an passé, j’ai fondé mon propre cabinet, Folio Légal Inc. Ceci dit, je ne peux passer sous silence que l’idée de repartir à l’étranger ne m’a jamais quitté depuis 2014 et restera fort probablement toujours là.

 

Qu’est-ce qui explique votre implication dans le conseil d’administration d’AHQ ?

Déjà, mon premier mandat pour AHQ débute en 2016, soit deux ans après mon retour au Québec. Je sentais que mon expérience comme avocat basé à l’étranger pendant quatre ans était pertinente à l’association : j’avais ressenti à plus d’une reprise un manque à gagner pour les avocats québécois pratiquant à l’étranger.

En fait, dès les débuts de ma pratique à l’étranger, je me sentais très loin de mon association professionnelle. C’est d’ailleurs un sentiment que j’ai ressenti tout au long de ma pratique à l’étranger, et ce, malgré le fait que j’étais parfois entouré de confrères et de consœurs québécois.

Je me souviens en particulier du problème de la formation continue obligatoire lorsque je pratiquais à Hô-Chi-Minh-Ville et à Shanghai. J’avais du mal à comprendre comment j’étais censé satisfaire à l’obligation de la formation continue après avoir suivi toutes les formations en ligne qui m’étaient pertinentes : je n’allais certainement pas suivre une formation sur le droit de la famille ! J’avais alors ressenti un réel manque en tant qu’avocat basé à l’étranger. Bref, déjà en 2016, j’avais une bonne idée des besoins des membres d’AHQ et j’ai donc décidé de m’impliquer. Une des premières priorités d’AHQ a d’ailleurs été d’augmenter le répertoire des activités en ligne de formation continue obligatoire du Barreau.

Lorsque les deux ans de mon mandat sont venus à échéance en 2018, j’avais toujours des dossiers à faire avancer, notamment la représentation d’AHQ et de ses membres au sein du Comité de liaison du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI). Ce dernier organisait des rencontres trimestrielles avec AHQ, l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration (AQAADI) et l’Association du Barreau canadien (ABC) afin d’échanger et d’améliorer les différents programmes offerts. Avec toutes les refontes et les modifications dans les lois et règlements en lien avec l’immigration que nous constatons durant les dernières années, ces rencontres sont très importantes autant pour tenir nos membres à jour que pour donner le pouls au MIFI sur la réalité que ceux-ci perçoivent sur le terrain.

Dans ce contexte, je crois qu’il est essentiel d’avoir un avocat pratiquant en droit de l’immigration basé au Québec afin de faire le pont entre les membres d’AHQ qui pratiquent de près ou de loin le droit de l’immigration à l’étranger et le MIFI. Par ailleurs, il faut mentionner que le MIFI a cessé unilatéralement ces rencontres depuis février 2019 et qu’AHQ, de concert avec les deux autres associations, travaille sur ce dossier et espère rétablir le contact d’ici l’année prochaine.

 

Comment votre parcours et vos expériences bénéficient à AHQ (et aux membres plus spécifiquement) ?

D’abord, je partage avec les membres d’AHQ une expérience de pratique à l’étranger significative et suis donc mieux en mesure de comprendre les réalités et les besoins des membres. En outre, le profil de mes expériences de pratique à l’étranger en Asie est légèrement différent de la norme, ce qui diversifie le profil du C.A. d’AHQ et, par le fait même, sa compréhension des différentes réalités des membres d’AHQ.

Ensuite, ma formation en administration des affaires (MBA) est certainement un avantage pour le C.A. Déjà en 2016, je produisais un rapport détaillé sur AHQ analysant entre autres le profil de l’association et les besoins des membres. Le rapport suggère aussi plusieurs pistes de réflexion sur les orientations qui s’offrent à AHQ dans les prochaines années. Beaucoup de sections du rapport sont d’ailleurs toujours d’actualité.

Enfin, AHQ a besoin d’administrateurs basés au Québec qui agissent en tant que porte-paroles de l’association et de ses membres au sein des différents forums du Québec qui intéressent ses membres. Je pense ici entre autres au Conseil des sections du Barreau du Québec qui se réunit deux fois par année sur deux jours et dans lequel AHQ a un rôle d’observateur.

 

Quelle est votre opinion sur les plus grands défis partagés par les membres d’AHQ ?

Il y a bien sûr la formation continue obligatoire qui était un enjeu important. Heureusement, la situation s’est beaucoup améliorée grâce à l’assouplissement des normes du Barreau.

Autrement, je crois que l’accès à un canal de communication ou encore à une plateforme de dialogue avec le Barreau du Québec pour, par exemple, exprimer des problématiques est loin d’être évident pour un avocat québécois basé à l’étranger, encore plus lorsqu’il est situé dans des endroits reculés. Il y a aussi l’enjeu de la libre circulation des avocats au Canada qui préoccupe beaucoup nos membres pratiquant au pays, en dehors du Québec. C’est un dossier pour lequel nous recevons de plus en plus d’appui et nous gardons espoir que nous réussirons à faire bouger les choses prochainement.

Enfin, je crois que les membres ont tous besoin d’un réseau professionnel qui puisse répondre à leurs questions et dans lequel ils peuvent solliciter aide et support de la part de personnes ressources.

 

Quelle est votre opinion sur l’avantage principal d’être membre d’AHQ ?

D’abord, un avantage très tangible pour les membres est qu’ils aient accès à un répertoire d’activités en ligne de formation continue reconnues par le Barreau.

Ensuite, et c’est davantage un souhait pour la dernière année de mon mandat, je crois que les membres ont beaucoup à gagner les uns des autres. Je crois que nous avons un intérêt énorme à valoriser la qualité des expériences, des connaissances, des réseaux et des expertises de nos membres accumulées par la pratique au fil des ans et partout autour du monde. Lorsque l’on regroupe la richesse individuelle du profil de chaque membre à l’échelle du réseau que constitue AHQ, l’association devient très avantageuse pour chacun des membres.

Dans ce sens, j’espère que, d’ici la fin de l’année prochaine, AHQ avancera déjà vers la réalisation de ce potentiel. AHQ est avant tout un réseau de professionnels au sein duquel ses membres peuvent obtenir réponses, aide et support. J’aimerais qu’AHQ devienne un point d’échanges et de rencontres et que se forme en son sein un sentiment de communauté.

Enfin, à mon avis, les nouvelles d’AHQ portant notamment sur les profils de nos membres sont un outil d’inspiration formidable pour celui ou celle désirant pratiquer à l’étranger. Je me souviens encore de mes nombreux questionnements lors de mes études sur comment concilier mon intérêt pour l’international à ma future carrière. Ces articles représentent exactement le genre de contenu qui aurait ouvert mes horizons sur les différentes facettes et opportunités qu’offre la pratique à l’étranger.

 

Quelle est votre vision pour AHQ jusqu’à la fin de votre mandat (octobre 2020) ?

J’ai avant tout plusieurs missions. Ma première vise à restaurer le canal de communication entre les membres et le MIFI à travers le Comité de liaison. À cet égard, et toujours de concert avec l’ADAADI et l’ABC, nous avons envoyé une lettre adressée au sous-ministre en août 2019 et nous continuons de faire pression. Nous sommes confiants de rétablir le lien dans les prochains mois.

Ma deuxième mission est de continuer à être le porte-parole d’AHQ auprès du Conseil des sections du Barreau dans lequel AHQ jouit du statut d’observateur. Ce rôle représente non seulement une opportunité pour les membres d’AHQ d’être représentés lors des réunions du Conseil, mais permet surtout d’informer les autres membres du C.A. sur les enjeux et les orientations du Conseil.

Ensuite, comme je mentionnais auparavant, j’aimerais véritablement renforcer l’esprit de communauté des membres et favoriser les échanges au sein d’AHQ. L’objectif est à la fois de construire un réseau d’entraide et de favoriser l’engagement des membres vis-à-vis leur association professionnelle pour augmenter la force de frappe collective de nos revendications.

Je crois qu’une des meilleures manières d’y arriver est de tirer profit des réseaux sociaux. Pour l’instant, la plateforme LinkedIn nous semble l’option universelle la plus adéquate à ce niveau, mais certaines préoccupations doivent encore être prises en compte.

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