Me Lalini Veerassamy, avocate spécialisée dans le domaine de la migration internationale

1. Comment vous êtes-vous tournée vers la pratique du droit à l’étranger ?
Tout au long de mes études a l’Université de Montréal, j’ai toujours été tournée vers le droit international et lorsque j’ai effectué un échange de six mois à l’Université de Genève durant mon baccalauréat en droit, mon intérêt à travailler au sein d’organisations internationales s’est confirmé. C’est ainsi qu’après le Barreau, j’ai été sélectionnée pour l’obtention d’une bourse du Québec afin d’effectuer mon stage du Barreau au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à Genève et c’est à partir de ce moment que ma carrière au sein de l’Organisation des Nations Unies a débuté. J’ai par la suite été recrutée par le Bureau International du Travail avant de rejoindre l’Organisation internationale pour les migrations en 2008.


2. Pouvez-vous nous décrire votre pratique au sein de l’Organisation internationale pour les migrations ?

J’ai été initialement recrutée par l’OIM pour appuyer les gouvernements développant leurs politiques migratoires et mettre en œuvre des programmes de migration de travail. C’est dans ce cadre que j’ai été appelée à travailler étroitement avec les autorités canadiennes et mauriciennes pour faire la promotion de telles politiques. J’ai soutenu le déploiement de plus de 500 individus de nationalité mauricienne afin qu’ils se rendent au Canada pour y travailler dans divers domaines. Apres cinq ans comme Chef de Bureau à l’Ile Maurice (couvrant aussi Madagascar, les Seychelles et les Comores), j’ai été mutée comme Chef de Programme en Tunisie. Le travail de l’OIM visait alors principalement à soutenir le Gouvernement de transition dans l’intégration de la migration dans leur planification de développement. La Tunisie comprend une forte diaspora à l’étranger et elle connait une forte migration de transit principalement pour les migrants économiques voulant rejoindre l’Europe. Je me suis également impliquée sur la problématique des rescapés de la mer provenant des bateaux de migrants de la Libye venus s’échouer dans les eaux tunisiennes. Depuis le mois d’août dernier, je suis basée à Djibouti dans la Corne de l’Afrique et j’occupe le poste de Chef de Mission. Le gouvernement djiboutien fait face à un phénomène migratoire singulier. Un petit pays comme le Djibouti comptant à peine 900,000 habitants se retrouve partie à un contexte politique difficile, vu le conflit au Yémen, la situation fragile de la Somalie ainsi que l’état d’urgence récemment déclaré par l’Ethiopie. L’OIM apporte tout le support possible pour gérer cette migration non planifiée, risquée et grandissante. Depuis mon arrivée à Djibouti, j’ai eu à gérer une épidémie de diarrhée aiguë (proche des symptômes du choléra) dans le centre pour migrants, et aider plus de 650 migrants déportés en provenance du Yémen et abandonnés dans les eaux djiboutiennes. Dans une semaine, nous débuterons une opération d’évacuation de migrants au Yémen qui sont bloqués dans des centres de détention depuis quelques mois déjà. C’est un contexte de travail difficile mais en même temps, passionnant.

3. Quels conseils donneriez-vous à de jeunes juristes souhaitant se lancer dans une carrière similaire à la vôtre ?
Ma formation en droit au Québec m’a énormément aidée même si je ne travaille plus aujourd’hui directement comme juriste. Le droit peut vous ouvrir énormément de portes, il ne faut donc pas hésiter à tenter une carrière internationale si cela vous intéresse. La compétition est féroce, certes, mais le profil de l’éducation au Canada est très bien apprécié.

4. Qu’est-ce qui vous manque le plus au Québec et au Canada?
Je rentre au Canada régulièrement car mes sœurs et leurs familles y sont encore. Le Canada et le Québec me manquent particulièrement pour la diversité et le respect des autres. C’est une particularité qu’on ne retrouve pas dans beaucoup de pays. La richesse que la diversité culturelle apporte à tous et chacun est importante. Lorsque je rentre à Montréal, je sais également où aller pour retrouver mes petits repères surtout au niveau gastronomique. C’est merveilleux ! Cultivons notre différence !

La première photo en page d’accueil a été prise en 2012 à Ottawa avec l’équipe de CIC et le Ministre du Travail mauricien – Shakeel Mohamed. L’image ci-haut a également été prise en 2012, à Régina cette fois, lors d’une visite de promotion de la migration de travail des Mauriciens en Saskatchewan et d’une rencontre avec la Diaspora mauricienne, où le même Ministre était présent. Me Veerassamy est la 2e personne à partir de la droite sur la première photo et la 4e à partir de la droite sur la seconde.

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