L’Immigration économique au Québec, présent et futur

Me Marylène Garacci (Montréal, Canada)

miccEntretien avec Messieurs Eric Gervais, Directeur général des opérations et Jonathan Lavallée, Porte-parole du ministère de l’immigration et des Communautés Culturelles (MICC), sur les principaux enjeux, présents et futurs de l’immigration économique au Québec. Voici les réponses à nos questions :

Q : Quelles sont les retombées sur le plan économique de l’immigration des gens d’affaires au Québec ?

R : Tout d’abord, les revenus des placements sont utilisés pour alimenter les aides aux entreprises et assurer leur accompagnement et développement. Cela permet également le versement de subventions aux petites et moyennes entreprises (PME). Entre 2000 et 2012, ces subventions se sont élevées à 586,9 millions de dollars.

Une autre partie supporte l’aide financière à l’insertion professionnelle, qui a notamment aidé 8,000 personnes à trouver leur premier emploi au Québec, ainsi que le programme d’aide à l’intégration des immigrations et des minorités visibles en emploi (PRIIME).

Q : Considérant que la grande majorité des immigrants admis via les programmes d’immigration d’affaires ne s’installent pas au Québec, quelle est la stratégie du Ministère par rapport à la rétention de ces immigrants ?

R : Le facteur-clé qui domine cette question est le français. Il en ressort que les francophones demeurent au Québec. Les changements du 1er août dernier vont dans ce sens pour permettre à tout candidat de déposer un dossier «hors quota» lorsqu’il répond de façon satisfaisante au critère relatif au français. Ainsi, en introduisant le français en amont du processus, cela permet d’assurer un meilleur taux de rétention.

Par ailleurs, le MICC veille à encourager la diversité des différents bassins et pays, ce qui contribue aussi à augmenter le taux de rétention au Québec. La faiblesse du taux de rétention concerne surtout les investisseurs, mais le taux de rétention pour les travailleurs qualifiés, entrepreneurs et travailleurs autonomes est excellent.

Enfin, il existe un accueil personnalisé pour les immigrants afin d’assurer leur accompagnement, ce qui incite également les immigrants à demeurer au Québec.

Q : Depuis les changements du 17 juin 2013, l’entrevue de sélection, plus particulièrement pour les candidats investisseurs, semble devenir l’exception. Pourquoi est-ce ainsi ?

R : Le système en place a pour but d’assurer efficacité et rapidité. Le MICC s’est doté des outils nécessaires afin de prendre des décisions efficacement. La convocation en entrevue demeure néanmoins indispensable lorsque le témoignage du candidat est nécessaire à la prise de décision.

Aussi, le refus sur dossier, désormais possible, permet de sauver du temps. Il permet d’éliminer des dossiers qui n’auraient pas connu de succès en entrevue mais qu’on ne pouvait refuser sur dossier auparavant. Toutes ces mesures tendent vers une plus grande rapidité de traitement.

Q : Considérant que le quota de 1200 immigrants par pays imposé en juin 2013 visait principalement à limiter le nombre de demandes venant de la Chine, est-ce révélateur d’une crainte que les chinois prennent trop de place dans le contrôle de notre économie ?

R : Pas du tout, l’unique volonté de ce système est de diversifier les bassins et pays. Cette diversification tend aussi à encourager l’immigration francophone et francophile pour un meilleur taux de rétention. Le maintien de la diversité est un objectif qui reste au cœur des orientations du MICC.

Q : Pourquoi avoir procédé par tirage au sort pour la sélection des candidats lors de la réouverture du programme ? N’a-t-on pas l’impression de «jouer à la loterie» avec les immigrants? Pourquoi ne pas simplement avoir rehaussé les critères de la grille de sélection ?

R : Tout d’abord, le système mis en place a largement été félicité. Le système de la loterie avait été suggéré par les intermédiaires financiers. L’ouverture des programmes des gens d’affaires l’année précédente avait causé des problèmes. La règle du « premier arrivé, premier servi » était donc risquée à reproduire. Le système de loterie permet d’offrir une chance égale et équitable pour chaque candidat de voir son dossier analysé. En 2013, le dépôt s’est en effet réalisé de façon ordonné.

Rehausser les critères de sélection reviendrait au même problème, à savoir considérer tous les dossiers et prendre le risque d’en refuser un grand nombre, ce qui serait une perte de temps pour tout le monde. Raccourcir les délais reste une priorité afin de maintenir la compétitivité du programme.

Q : Quelle est la stratégie du Ministère pour contrer l’arrivée de la popularité des autres programmes d’immigration économique : USA, Portugal, Espagne, Grèce, St.Kitts & Nevis, Malte, etc ?

R : Avant tout, le Québec demeure une destination de choix pour son environnement, ses universités de renom, sa stabilité économique, etc. De plus, le MICC veille particulièrement aux délais et travaille pour les réduire au maximum et éliminer ses inventaires. Le Québec reste populaire et concurrentiel ; il possède déjà des avantages compétitifs que le MICC veille à maintenir.

Enfin, le Québec offre un programme d’accueil personnalisé par le biais d’Investissement Québec ainsi que tous les services en ligne, services avec les partenaires communautaires et la mise en place de cours de français. Ces différentes formules offrent une panoplie variée de services offerts aux immigrants.

Q : Quels sont selon vous, les aspects à améliorer relativement aux programmes d’immigration économique ?

R : Il est en effet prévu de modifier des aspects du programme entrepreneur pour favoriser le jumelage avec les programmes économiques des autres régions au Québec et avec les autres acteurs économiques. Le programme doit permettre d’accompagner l’entreprise pour qu’elle soit vouée au succès, rendre le programme plus performant et avoir plus de dossiers dans cette catégorie.

Cette vision est aussi partagée pour ce qui concerne le programme des travailleurs qualifiés en cherchant à augmenter le niveau de français, gage d’insertion des immigrants et contribuer favorablement à la société québécoise.

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